Vivantes interactions

Vivantes interactions
n° 110, 2022/1 - 240 pages

Depuis plusieurs années, on voit se multiplier des publications (livres, revues, articles), des documentaires, des reportages télévisés faisant état des recherches sur les interactions complexes et fascinantes qui se déploient dans le monde des vivants en le structurant. Ainsi apparaît un univers fait d’interdépendances où l’importance des relations semble prévaloir sur celle des organismes isolés, où la prise en compte des notions de milieu, d’environnement s’avère prioritaire. Un univers où les idées d’interrelation, de maillage, seraient plus pertinentes que celles qui isolent, distinguent, dissèquent.

Derrière ce monde, où la coopération prévaudrait, certains voient se dessiner des perspectives alternatives à celui où domine la compétition. D’autres, ou les mêmes, y trouvent une réponse aux inquiétudes écologiques croissantes. Conviendrait-il donc de suivre la nature, de s’en inspirer ? Faudrait-il se réconcilier avec l’ensemble des vivants de la Terre et définir avec eux une nouvelle alliance où les humains, perdant de leur superbe, rejoindraient la grande ronde symbiotique naturelle ? Ce qui impliquerait de résilier les grandes disjonctions nature/culture, corps/esprit, sujet/objet qui ont structuré la pensée occidentale.

Sur fond d’inquiétudes profondes, ces questions mobilisent des disciplines scientifiques comme l’écologie, l’éthologie, la biologie. Elles sollicitent la philosophie et les sciences sociales, celles-ci étant invitées à réinterroger leurs fondements. Elles nourrissent aussi divers courants de pensée et peuvent justifier certaines actions militantes.

De l’interpellation épistémologique à la légitimation militante, ce numéro interroge quelques aspects de cette vaste nébuleuse idéologique. Cette traversée transdisciplinaire, plus labyrinthique que linéaire, nous entraînera de la microbiologie aux sciences sociales et à la philosophie. On verra, chemin faisant, comment les avancées des sciences de la nature servent parfois d’appui, voire de béquille, pour repenser le social, dans une époque en mal de sensibilité relationnelle salvatrice et en quête d’un nouveau grand récit unificateur, fût-il né d’un collapse.

Pages 41 à 55