Les odeurs de la rue de la Rousselle, ou comment faire de l’histoire avec du quotidien

Par Christophe Granger
Français

Qui décide de ce qu’est le quotidien ? On peut toujours décrire une pratique et, au regard de sa régularité parmi les individus considérés, admettre qu’elle appartient à leur quotidien. Mais alors on ne sait rien de ce qu’ils entendent, eux-mêmes, par « quotidien », et rien de la place et de la valeur qu’ils lui reconnaissent. Pour affronter ce problème, cet article propose d’étudier un cas en détail : l’affaire des odeurs de la rue de la Rousselle, à Bordeaux, de 1901 à 1903. Excédé par la puanteur émanant de l’immeuble voisin, un locataire porte plainte. Les odeurs, celles de la morue salée, proviennent d’une boutique de denrées coloniales. Les magistrats, pour établir la nuisance, ne se réfèrent pas à l’état des sensibilités olfactives. Ils recomposent la façon dont ces odeurs s’inscrivent dans le quotidien du quartier et en sont constitutives. L’affaire offre alors un moyen de comprendre que le quotidien est d’abord une catégorie à travers laquelle les acteurs mettent en forme leur vie. À travers elle, il devient possible de faire de l’histoire avec du quotidien.

Mots-clés

  • quotidien
  • histoire
  • odeurs
  • droit
  • Bordeaux
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