La théorisation du rêve que Freud a élaborée ne décrit pas toutes les expériences oniriques dont peut rendre compte la psychanalyse à partir de la situation de la cure. Le rêve n’est plus envisagé seulement comme réalisation hallucinatoire du désir ; il est aussi une expérience créatrice, réparatrice, transformatrice. En outre l’attention portée à la formation et à la fonction du rêve dans l’espace transféro-contretransférentiel a conduit à prendre en considération l’espace onirique commun et partagé de l’analyste et de l’analysant, et notamment leurs rêves croisés. Avec l’extension du champ de la psychanalyse à des dispositifs plurisubjectifs (couples, familles, groupes), l’exploration d’un espace onirique partagé et commun à plusieurs rêveurs a fait apparaître d’autres dimensions et d’autres fonctions du rêve, qui ont attiré l’attention sur le nouage entre le rêve et son ombilic corporel et intersubjectif, sur la fonction du porte-rêve, sur la structure polyphonique de l’espace onirique. Ces données établissent de nouveaux liens avec les recherches anthropologiques et sociologiques sur le rêve.